Tatouage leur signification chez les footballeurs
Les tatouages font partie intégrante du paysage footballistique depuis le début des années 2000. Durant l’Euro 2016, on peut en voir sur tous les terrains. Que représentent-ils pour les joueurs? Deux artistes tatoueurs connus dans le milieu du football nous en parlent.
Si les footballeurs expriment leur talent sur le terrain, leurs sentiments s’affichent sur la peau. Car oui, leurs tatouages ont souvent une signification profonde. Miss Atomik, artiste tatoueuse à Rennes, et Gérald Saeys, tatoueur dans la région lilloise, vivent le phénomène de l’intérieur. Décryptage.
Démocratisation des tatouages dans le football
Au salon de Miss Atomik, de nombreux footballeurs professionnels sont passés sous ses aiguilles. Tout a commencé il y a sept ans, quand le joueur français Jimmy Briand passe la porte de son commerce. « Je ne savais pas qui il était. C’est mon apprenti, fan de foot, qui l’a reconnu, se souvient-elle. Il souhaitait une pièce conséquente sur son avant-bras. D’ailleurs, on a réalisé le dessin ensemble. Il fut le premier d’une longue liste. »
Samuel Umtiti, Benoît Costil, Alexandre Lacazette… Le bouche à oreille a rendu Miss Atomik incontournable dans le milieu du foot. A ses yeux, les joueurs se sont décomplexés grâce à Djibril Cissé: « Il a marqué les esprits et démocratisé le tatouage dans le foot français. Il s’est fait tatouer au début des années 2000, avant que le phénomène ne prenne de l’ampleur », estime-t-elle.
Dans la région lilloise, Gérald Saeys peut se vanter d’avoir quelques joueurs de l’équipe de France dans son répertoire. Tatoueur de Dimitri Payet, Olivier Giroud ou encore Yohan Cabaye, c’est son meilleur ami Mathieu Debuchy, 27 sélections en équipe de France, qui a mis en premier son travail en avant: « J’ai commencé à tatouer Mathieu en 2010, lorsqu’il a gagné le championnat de Ligue 1 avec Lille. J’ai ensuite enchaîné avec une trentaine de footballeurs. Il est définitivement le précurseur de cette mode dans la région », assure t-il.
Un fort impact sur le public
Inspirés par les footballeurs, certains fans souhaitent reproduire les tatouages de leurs idoles. Pour Miss Atomik, il en est hors de question: « On m’a souvent demandé de reproduire les tatouages des bras de Benoit Costil. Je refuse catégoriquement. On peut s’en inspirer, mais chaque tatouage doit être unique », défend l’artiste.
Même chose pour le tatoueur du Nord, qui a refusé à plusieurs reprises de copier le bras polynésien de Mathieu Debuchy: « Chaque tatouage est propre à chacun. Je ne vais pas tatouer les chiffres romains de Mathieu sur le bras d’un autre, Ils n’auraient aucun sens. En revanche, je confirme que la manchette maori est désormais très prisée. »
Une signification souvent sentimentale
Une date de naissance, un prénom, un symbole… La majorité des footballeurs privilégient les signes forts: « Leurs tatouages montrent à quel point ils sont attachés à leur famille. Ils ont besoin de ce soutien car c’est un monde très dur », commente Miss Atomik.
Outre la famille, certains tatouages se réfèrent à une certaine spiritualité, à l’instar du bras de Mathieu Debuchy: « Son tatouage polynésien représente un esprit guerrier, qui lui apporte force et courage », explique l’artiste tatoueur. Des messages peuvent aussi revigorer un joueur dans une passe difficile: « J’ai tatoué une phrase de Martin Luther King sur un joueur lillois qui n’arrivait plus à marquer. Je pense que cela lui a mis du baume au coeur car il est redevenu performant », dévoile-t-il.
Pour l’artiste tatoueuse rennaise, le passage à l’acte est une épreuve significative en soi: « Il n’y a pas très longtemps, j’ai passé cinq heures à tatouer le bras d’Alexandre Lacazette et il n’a pas bronché. il m’a impressionné car peu de gens tiennent aussi longtemps. Cela montre vraiment que c’est un warrior. »
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